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Cambo : plus de 1 100 manifestants contre le projet à Marienia

Une quarantaine de tracteurs se sont additionnés aux manifestants, pour dénoncer une vente de terrains au détriment de possibilités agricoles.

Laurent Platero

Cette journée de mobilisation était largement soutenue par les agriculteurs. (Guillaume Fauveau)

Ils étaient plus de 1 100 manifestants, additionnés à une quarantaine de tracteurs, à manifester dans les rues de Cambo ce samedi 23 avril. À l’appel du collectif Marienia Ez Hunki, ils sont venus exprimer leur colère face au projet immobilier prévu à Marienia. Près de quatre fois plus de monde que les 300 personnes déjà réunies le 4 décembre dernier, pour manifester leur désir d’enterrer ce projet visant à créer, sur près de 4 hectares de terres, 94 logements, dont 49 seront des logements sociaux de l’Office 64, et 45 seront en accession à la propriété.

« Aujourd’hui, c’est une journée phare sur la défense de ce plateau de Marienia. On combat ce projet d’urbanisation sur le plan juridique, avec une action au tribunal, mais malheureusement, le temps du tribunal est long, on attend la sentence pour cette fin d’année. En attendant, pour bloquer le démarrage des travaux, on veut faire savoir qu’il se passe quelque chose, que les Kanboar soient au courant. Il s’agit de montrer à la société civile et aux élus qu’on veut protéger ces terres et qu’on est prêt à se battre pour », déclare Jean-Paul Alaman, architecte-urbaniste et conseiller municipal de l’opposition.

Des terres pour produire

Dans les tracteurs, de nombreux agriculteurs ont souhaité se joindre à la manifestation. Parmi eux, Sylvain Hequet. Il travaille non loin des terrains de Marienia. « Je fais partie des agriculteurs qui ont la chance d’avoir un peu de terrain, ayant hérité d’une ferme familiale. Mais je n’ai pas assez de terres pour vivre de mon activité. Si on vend la moitié des terres qu’on a, on va avoir du mal à en trouver pour continuer à produire. Aujourd’hui, les gens préfèrent manger du local, il faut garder des terres pour produire dessus. »

Des élus de la majorité aussi se sont joints au mouvement. Peio Etxeleku est conseiller municipal : « j’ai été délégué à l’agriculture au sein de la municipalité précédente. Tous les agriculteurs de Cambo sont présents, je me devais d’être à leurs côtés. Cambo est une terre de production de haute qualité agricole. Les solutions au problème de logement, qui est incontestable, ne vont pas forcément par l’accaparation des plus belles terres agricoles de ce territoire. Le Cambo que nous voulons n’est pas forcément un Cambo qui se construit à coup de cent logements par des promoteurs externes. C’est un Cambo dont on veut maîtriser la croissance, exploiter d’abord les endroits les plus facilement exploitables que sont les logements vacants ou les dents creuses à l’intérieur du centre-ville, sans impacter aussi négativement l’exploitation des terres agricoles ».

Une réponse de Bouygues Immobilier

Suite à l’article de MEDIABASK annonçant cette mobilisation, le promoteur Bouygues Immobilier a souhaité réagir. « Le terrain de Mariena n’est pas une terre agricole : il figure au PLU de la commune de Cambo-les-Bains comme terrain constructible depuis plus de 10 ans », précise en introduction le communiqué. Le promoteur rappelle des propos déjà évoqués dans nos colonnes, à savoir que le projet est porté conjointement avec l’Office 64 de l’habitat, et que 75 % des 45 acquéreurs des logements en accessions à la propriété « sont originaires des Pyrénées-Atlantiques et des Landes et désirent en faire leur résidence principale ».

Bouygues Immobilier assure avoir « suivi la procédure légale pour obtenir le permis de construire ». Le promoteur précise : « Si ce projet fait aujourd’hui l’objet d’un recours contentieux en cours d’examen, il n’en demeure donc pas moins qu’il a été mené en concertation avec les services de la commune et dans le respect total du PLU ». Le promoteur indique également que « dans le cadre de sa mobilisation pour la préservation de la biodiversité, Bouygues Immobilier prévoit la plantation de 175 arbres et 1593 arbustes sur ce terrain ».

« Ils auront beau planter tous les arbres qu’ils veulent, ce n’est pas ça qui nourrit la population. Actuellement, sur ces terres-là, nous avons des brebis qui produisent du lait que l’on boit ou avec lequel on fait du fromage ou des yaourts. On ne peut pas comparer des arbres avec des terres agricoles nourricières », réfute Argitxu Hiriart-Urruty, du groupe d’opposition municipal Nahi Dugun Herria.