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Marienia : herri lurra

par Maryse Cachenaut

Le procès de Bouygues se tient à l’intérieur mais également à l’extérieur du tribunal de Bayonne. © Gab

C’est l’histoire du pot de terre contre le pot de béton. Bouygues envoie au tribunal des militants coupables de s’opposer à l’artificialisation de terres à haut potentiel agricole à Cambo.

Le 12 mars dernier nous étions venus nombreux au tribunal de Bayonne pour soutenir les militants accusés d’avoir, plusieurs mois auparavant, recouvert de terre une maquette représentant le projet immobilier de Bouygues à Marienia (Camboles- Bains). À l’occasion du procès les témoignages ont cependant souligné le paradoxe : pendant qu’une maquette est recouverte de terre (et non détruite !), Bouygues s’apprête à recouvrir une surface 10.000 fois plus grande (presque 4 hectares) de béton !… Dégradation qui ne sera pas éphémère celle-là mais bien définitive ! « Quatre personnes cueillies chez elles par les forces de l’ordre et amenées dans un commissariat pour avoir plusieurs mois auparavant symboliquement jeté de la terre sur une maquette représentant un projet qui détruit des terres agricoles, c’est quand même tout à fait disproportionné » a souligné de façon très pertinente Martine Bouchet du CADE, pendant le procès du 12 mars…

Chaque année depuis 35 ans, 250 hectares de terres sont artificialisés sur le territoire du Pays Basque. C’est d’une grande violence de devoir regarder de façon impuissante la destruction de notre outil de travail. Parce que la terre est l’outil de travail du paysan, et la terre permet de nourrir les citoyens ! Les terres de Cambo constituent une ressource rare ; et cela sera défendu auprès du tribunal administratif de Bordeaux qui devra (cette année) arbitrer sur la légalité du projet Bouygues à Marienia. Pour nous, ces terres ont un intérêt agricole et un potentiel agronomique indiscutable. L’aptitude des sols à la mise en valeur agronomique dépend de leurs caractéristiques physico-chimiques, biologiques, de la relation eau/sol et d’autres caractéristiques telles que le relief et la topographie. Sur le plateau de Marienia, la pente est faible, voire très faible, moins de 10 %. Les parcelles sont mécanisables avec du matériel agricole classique. À Cambo, il n’y a que 23 % des terres agricoles de la commune qui ont cette caractéristique de moins de 10 % de pente, précise EHLG dans une étude sur le potentiel de ces terres. Autrement dit, les terres de Marienia présentent un meilleur potentiel agricole que les trois quarts des terres exploitées de la commune ! Elles offrent donc les caractéristiques voulues pour y développer des productions animales tout comme des productions végétales. Situées en entrée de ville, les terres de Marienia pourraient former la ceinture verte de la ville qu’il faudrait absolument protéger et non pas bétonner !

Globalement sur le territoire Pays Basque, les productions végétales à destination de l’alimentation humaine sont déficitaires par rapport à la population résidente. À l’heure où la sobriété foncière s’impose pour faire face aux enjeux climatiques et pour répondre aux enjeux de sécurité alimentaire, la question de leur préservation est essentielle et ceux qui la défendent ont raison de le faire.